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Juin
Clarification et recadrage sur un point inquiétant perçu par de nombreux Chefs d'établissements de France.
Par Marie CROCQUET • Publié le 16/06/2022
Peu de temps comme toujours mais je dois vous laisser un billet d'humeur…
Certaines familles, exemplaires, ne se sentiront pas forcément concernées. Elles auront raison.
Je les remercie pour rester fidèles à notre projet initial évoqué à l'inscription.
D'autres ne se sentiront pas concernées non plus… et pourtant !!!!

Revenons à l'objet de l'article. Au Sacré-Cœur, sommes-nous épargnés?
Oui, … Hélas !

Voilà ! Nous y sommes donc… dans ce fameux "Monde d'après…".
Celui que tout le monde appelait de ses vœux pendant le confinement, puis tout au long de la gestion de cette crise sanitaire.

Je vous avais, un temps, exprimé mes réserves concernant la certitude que la population mondiale conserverait précieusement cette envie de "bien faire" les choses.
Cette prise de conscience du travail effectué, dans tous les domaines, au quotidien, par une foule de personnes (souvent anonymes…).
Du respect qui devait leur être dû. De notre rôle à jouer pour le montrer. De l'exemple à montrer à nos enfants…

Passé récemment aux urgences de l'Hôpital, pour un proche, j'ai été éberlué de voir combien le personnel était sous pression et maltraité. La plupart des personnes présentes exigeait d'être prise en charge sur le champ (y compris pour des cas de faible gravité). Visiblement, elles n'avaient pas assez de lucidité pour se rendre compte que cela n'était simplement pas possible. Que le personnel faisait tout son possible en dépit de mauvaises conditions.
Que de violence dans les mots dans les postures ! Nous étions alors bien loin des gens faisant du bruit à 20h sur leur balcon…

Vous avez été nombreux à nous remercier pour la gestion de cette crise à l'école.
Je vous ai exprimé combien nous avions apprécié ces mots, combien ils pouvaient faire du bien.

De votre côté, vous aviez constaté la difficulté à assurer des cours à des enfants (qui n'ont pas toujours envie au moment où il le faudrait, qui n'ont pas le même potentiel, la même attitude).
Vous avez mesuré la difficulté évidente pour organiser votre journée avec de si multiples contraintes en plus.

Depuis la levée des contraintes, les choses ont changé pour bien des parents et des enfants.
Quelle facilité à tout oublier !!!

À côté d'une liberté normale retrouvée est apparu un faux vent de "liberté".
Il s'est mis à souffler très (trop) fort…
Le même que celui des urgences.

Le Projet Éducatif, le Règlement et règles de bases évidentes sont de moins en moins acceptés, respectés.
Pourtant ce sont ces points qui font notre différence, notre spécificité.
Nous n'avons certainement pas plus de "valeurs" que quiconque !
Nous cherchons seulement, en principe, à les mettre en action. À les vivre (et si possible avec le message du Christ).

Beaucoup d'enfants se relâchent sur de nombreux points. Dans la tenue vestimentaire, la coiffure, la manière de s'exprimer, de travailler, se montrent moins attentifs. Ils manquent de respect envers certains adultes et camarades… Bref, ils sont sur une pente glissante.

À la cantine, certains se montrent extrêmement difficiles et même capricieux jetant allègrement l'essentiel de leur repas (quand je ne suis pas présent…).
Ils ont bien besoin de mesurer la chance et le privilège de pouvoir manger plusieurs fois par jour et d'avoir même le choix !

Le fonctionnement de l'établissement devrait rester le même mais je vois bien que certaines personnes transgressent ouvertement celui-ci…
Il y a une réelle perte des repères de base. Cela n'est pas un jeu !
Peu de choses semblent avoir d'importance à leurs yeux.

D'autres, plus corrects, nous informent qu'ils vont faire un écart de façon "exceptionnelle", pour raisons "valables"…
C'est mieux, mais généralement pas nécessaire ou réellement justifié.
On demande mon autorisation…
Je réponds donc ici globalement à la multiplicité de ces retards, absences inexpliquées et souhaits de s'absenter qui deviennent un véritable fléau.
Vous connaissez sans aucun doute ma position sur ce sujet. Je ne donne pas d'autorisation ni d'interdiction.

Certes il n'y a pas eu d'Assemblée Générale en début d'année pour me permettre de replacer le cadre avec des exemples et des explications plus claires.
Mais le souvenir de ce qui a été dit aux plus anciens et les longs rendez-vous d'inscription auraient dû suffire.

Sur l'intérêt des tournois, visites, voyages, rencontres familiales, besoin de souffler, tarifs intéressants, etc…
Que dire !!!
Je pense qu'il existe, à l'évidence, énormément de possibilités de vivre des expériences enrichissantes tout au long d'une année et même d'une vie.
Là n'est pas la question mais là est le problème !

Aujourd'hui notre métier d'enseignant n'est plus considéré avec un véritable recul par trop de parents et également par les associations diverses (sportives, artistiques, etc…).
Chacun pense à son propre projet sans tenir compte des autres.

On nous a par exemple demandé de retrouver une "vie normale à l'école" avec la convivialité de la fête de fin d'année.
J'ai donc écouté les parents correspondants et l'A.P.E.L..
J'ai demandé la préparation d'un spectacle de fin d'année en urgence à mes enseignantes.
Elles l'ont accepté dans l'optique de vivre un temps sympathique avec enfants et familles.

Mais voilà, nous avons presque quotidiennement deux à trois absents dans les classes à tour de rôle avec pour tous chacun une raison "valable", "exceptionnelle" ou "familiale"…
Notre équipe, dans son ensemble, se retrouve dans l'impossibilité de travailler correctement au niveau des apprentissages comme pour les moments sympathiques (la répétition du spectacle, d'une chanson).
Comment rester heureuses et motivées quand passent en dernière position après tout le reste.

Aujourd'hui, il existe une crise du recrutement des enseignants. Cela devrait interpeler ! Et je ne parle pas en terme de rémunération mais bien d'envie.

Quelle tristesse de voir tant de personnes qui, aujourd'hui, embrassent cette vocation remplies d'enthousiasme et la quittent pourtant après une courte expérience.
Les plus anciens, de leur côté ne s'y retrouvent plus toujours… ils ne reconnaissent plus leur métier tant aimé pour lequel elles se sont impliquées avec passion…

Attention !
Nous nous éloignons dangereusement de ce Projet d'Éducation et des règles à comprendre et à respecter pour le sens qu'ils donnent.

À votre arrivée, mon rôle était de vous présenter le Sacré-Cœur et vous convaincre de l'importance de votre rôle :
J'ai bien pris le temps de vous présenter notre vision de la route à emprunter ensemble.
J'ai insisté pour vous faire prendre conscience de l'importance que cela avait pour le futur de nos écoles du Sacré-Cœur.

Alors, que ceux qui ont oublié se rappellent, qu'ils se remettent en route avec nous !
Que ceux qui sont restés dans la bonne dynamique ne l'abandonnent pas !

P.S. : Non je ne cherche pas à faire la morale !!!
C'est juste un billet de "mauvaise" humeur…
Alors je partage…

Croyez que je prends également la mesure de mes propres erreurs ou relâchements…

Merci, pour votre confiance,
M. PUFAL